“ Prendre Soin “
… une évidence, oui, mais pourquoi ?
En voilà une bien belle question… quel est la nature de cet élan qui m’a fait écrire « infirmier » il y a 23 ans sur une fiche d’orientation au lycée? Qu’est-ce qui m’a fait tenir dans un métier si exigeant? Pourquoi renouveler aujourd’hui mon engagement à travers la thérapie manuelle?
Les réponses les plus difficiles à trouver sont apparement celles qui se cachent derrière le rideau de l’évidence!
Je me souviens, jeune étudiant infirmier (j’avais 19 ans… ) plongé dans la gravité des couloirs du CHU, dans l’exigence de rigueur et de maturité que la souffrance et la maladie imposent aux soignants. Les gardes, les horaires insupportables, les équipes sous pression qui tenaient la barre à toute heure face à la tempête.
C’était pas facile, c’était coûteux … mais se sentir utile, faire partie d’un équipage d’humains qui prend les gens par la main pour les aider à remonter (ou amortir leur descente) ça me remplissait de bonheur, ça faisait sens.
Déjà pratiquant d’arts martiaux à l’époque je trouvais que la blouse blanche avait plus que sa couleur comme point commun avec mon kimono. Faire grandir le Soignant en moi c’était donner vie aux valeurs que je nourrissais: courage, sincérité, politesse, respect, modestie, contrôle de soi…
Ce qui perpétue ce sens et cet alignement aujourd’hui dans ma thérapie manuelle c’est cette sensation d’entrer en communication profonde avec mes patients, leur offrir un temps de présence authentique. Être là.
Consacrer du temps de l’attention, de l’intention.
Une écoute profonde, avec mes oreilles, avec mes yeux, avec mes mains.
Libérer les sensibilités, écouter le non verbal, parler aux muscles, murmurer aux nerfs, caresser les douleurs pour qu’elles s’endorment paisiblement.
Trouver au fond de soi l’énergie de porter ceux qui en ont besoin, de pousser plus loin ou de tirer plus haut ceux qui se sont enlisés. Donner tout ce que l’autre est en mesure de recevoir avec la certitude de faire du bien, de faire le bien.
Accompagner, prendre entre ses mains…
Décidément, la passion du soin est intacte, je crois bien que j’en ai repris pour 20 ans de plus !
😊